Revue de presse web : Le contrôle de Renault sur Nissan est officiellement Ghosn

C’est ce mercredi que Renault et Nissan vont officialiser leurs nouvelles participations réciproques dans les deux groupes. Ce “rééquilibrage” n’avait rien d’un mystère et était même une des conséquences attendue de l’affaire Carlos Ghosn.

Jusqu’ici, comme le rapporte Challenges, Renault contrôlait 43,4 % de Nissan, contre 15% de participations de Nissan dans Renault, qui plus est sans droits de vote. À l’issue de cette journée les deux groupes devraient détenir 15% de leurs actions mutuelles, le tout assorti de droits de vote.

Renault dit officiellement adieu à son contrôle sur Nissan (et à l’alliance)

Les dernières semaines ressemblent à un coup d’accélérateur dans l’éclatement de l’alliance entre Renault et Nissan. Lundi 6 novembre 2023, les deux parties ont dissout Alliance Purchasing Organisation, une société jouissant 85 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 – qui servait de centrale commune d’achats.

Le même jour, un email interne a annoncé au salariés de Renault qu’ils devaient immédiatement cesser le partage de données avec leurs homologues chez Nissan et Mitsubishi. Il y a tout de même deux rescapés dans ce divorce. Le premier, c’est la Nissan Micra européenne qui sera bien commercialisée.

Nissan va également investir 600 millions d’euros dans Ampere, la nouvelle filiale de Renault qui doit regrouper toutes les activités du constructeur dans l’électrique. Les deux parties se réservent la possibilité de collaborer de nouveau à l’avenir, mais uniquement au cas par cas.

Comment en est-on arrivé là ?

Carlos Ghosn, l’ancien PDG de l’alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi, et Greg Kelly, son bras droit sont accusés par la justice japonaise d’avoir dissimulé une partie de leurs revenus aux autorités boursières, d’avoir abusé de la confiance de Nissan et d’avoir détourné des fonds de l’entreprise à des fins personnelles.

Carlos Ghosn et Greg Kelly ont ainsi été arrêtés au Japon le 19 novembre 2018, à la suite d’une enquête interne menée par Nissan avec la collaboration de certains cadres et du bureau du procureur de Tokyo, avant d’être placés en détention provisoire pendant plusieurs mois.

Suite à la libération des deux dirigeants sous caution, Carlos Ghosn a organisé sa fuite réussie du Japon fin décembre 2019. Une histoire pour le moins rocambolesque : il a dû pour cela se cacher dans une malle d’instruments de musique. Destination : le Liban, où il bénéficie de la double nationalité.

Greg Kelly est de son côté resté au Japon et a été jugé par le tribunal de Tokyo, qui l’a condamné à six mois de prison avec sursis en mars 2021. Carlos Ghosn et Greg Kelly ont toujours clamé leur innocence et ont dénoncé une manipulation orchestrée par Nissan pour les évincer de la direction de l’alliance.

Selon eux, Nissan craignait que Carlos Ghosn ne renforce le contrôle de Renault sur le groupe japonais, au détriment de son autonomie et de ses intérêts. Ils ont également accusé la justice japonaise d’avoir été partiale et d’avoir violé leurs droits fondamentaux.

Carlos Ghosn évoque de son côté un complot politique impliquant le gouvernement japonais et l’Etat français, actionnaire de Renault à hauteur de 15%. Il reproche entre autres à l’Elysée de ne pas l’avoir soutenu et d’avoir cédé aux pressions du Japon pour rééquilibrer l’alliance en faveur de Nissan.

Quant à la fuite du dirigeant elle-même, ce qui devait arriver, arriva : Apple TV+ vient d’adapter l’histoire en une mini série passionnante, disponible sur la plateforme depuis la fin du mois d’août.